François Froger
Ouvrage de petit format (in-16) daté de 1699, où il est relaté le voyage long de trois ans de François Froger. Ce dernier y raconte en détail toutes ses expériences (il indique systématiquement la date), et n’hésite pas à donner son avis et sa vision des choses. Il s’intéresse à absolument tout ce qui l’entoure, son récit devenant alors un véritable livre d’aventures.
François Froger embarque à seulement dix-neuf ans en tant qu’ingénieur volontaire sur Le Faucon anglais, l’un des six navires du capitaine Jean-Baptiste de Gennes, dont le but est d’atteindre le détroit de Magellan et d’y fonder – ou du moins y préparer – une future colonie. La France vise alors un point d’appui sur le continent américain qui soit proche du Pérou, ce qui lui permettrait de se rapprocher des mines d’argent du pays.
Le voyage débute en Afrique, où les membres de l’expédition ont mené une bataille pour reprendre le Fort James en Gambie, jusque-là aux mains des Anglais, avant de commencer la traversée de l’Atlantique et de longer les côtes du Brésil et de l’Argentine. Jusque-là, le voyage se passe sans encombre, mais lorsqu’ils arrivent au détroit de Magellan, les problèmes s’accumulent. Ils doivent faire face à des vents violents et au manque de nourriture. Ils échouent deux fois à traverser le détroit, ce qui les pousse à rebrousser chemin pour arriver aux Antilles, où ils restent quelques mois avant de rentrer au port de la Rochelle, en France. Leur expédition est un échec financier, ce qui explique que les membres du voyage n’aient pas voulu raconter leurs aventures, à l’exception de François Froger.
Devant le silence de ses compagnons, ce dernier, âgé de vingt-deux ans à son retour en France, publie son récit.
Le récit de F. Froger connaît dès 1698 une première publication chez Nicolas Le Gras, qui le republie en 1699 et 1700. Il est également imprimé en 1699 et 1702 à Amsterdam chez L’Honoré, puis en 1715 à Lyon chez Le Chatelain. Autre fait intéressant, il est traduit en anglais dès 1698.
C’est donc un livre très demandé, notamment en raison des illustrations qui l’accompagnent. L’auteur s’est donné la peine de tout dessiner : l’on trouve ainsi les hommes et leurs moeurs, la faune et la flore, mais également des instruments de musique ou même des outils. Ce qui a le plus intéressé les gens de l’époque, c’est la simplicité de ses écrits, et l’émerveillement de l’auteur devant certains animaux ou même devant les hommes et femmes qu’il rencontre est captivant. L’on a ainsi un livre qui est rédigé comme un journal, jour après jour, l’auteur n’hésitant pas à introduire des reproductions des documents qu’il a pu lire, ni à dessiner tout ce qui l’intrigue ou le marque
Pauline Pateau