Adam Olearius
Œuvre en deux volumes, au format in-4°, daté de 1659 ; on y trouve les nombreux voyages de 1633 à 1639 d’Adam Olearius, également connu sous le nom d’Adam Ölschläger, et de Jean Albert de Mandelslo. Traduit de l’allemand par A. de Wicquefort.
Les deux voyageurs y racontent en détail l’état de chaque pays, la politique, les moeurs, les coutumes et les habitants, même si J. A. de Mandelslo est moins pointilleux sur les questions politiques, qu’il laisse de côté.
Savant, universitaire, mathématicien, géographe et bibliothécaire, Adam Olearius participe à une expédition vers Moscou en 1633. Il s’agit à l’origine d’une expédition commerciale du duc Frédéric III de Holstein, dirigée par Otto Bruggemann et Philippe Crusius avec Adam Olearius comme secrétaire. Le but est d’établir des échanges commerciaux avec Moscou. Leur voyage, qui les conduit en 1634 à rencontrer le tsar, n’aboutit à aucun accord et est donc un échec économique. Malgré tout, le duc Frédéric III organise dès leur retour un voyage vers la Perse avec les mêmes personnes, auxquelles d’autres vont s’ajouter, dont Jean Albert de Mandelslo, un autre universitaire. Cependant, l’expédition s’avère un vrai fiasco. Mandelslo quitte d’ailleurs l’expédition en Perse et part de son côté pour l’Est : il passe par la Chine et le Japon avant de rentrer en Angleterre, en faisant un détour par Madagascar. Quelques années après son retour, A. Olearius publie le récit de ses aventures. Il y ajoute celui de son ami Mandelslo à titre posthume : en effet, ce dernier meurt en 1640.
Il s’agit ici d’un ouvrage remarquable. L’impression y est très soignée et les cartes absolument magnifiques, d’une part par leur précision, d’autre part par leur grandeur et leur décor. C’est d’ailleurs grâce à ces cartes que l’ouvrage connaît à sa parution un grand succès : l’on en compte en tout six, dont certaines sont au moment de leur sortie en France totalement inédites. Cependant, la renommée du livre ne tient pas qu’aux cartes, elle doit aussi à la qualité des observations qui y sont faites. En effet, A. Olearius fait un compte rendu détaillé de tout ce qu’il voit ou entend, ce qui donne d’ailleurs par moments de curieuses descriptions. Les passages sur les peuples isolés qu’il peut rencontrer sont particulièrement intéressants, car s’il s’informe sur tout ce qu’il peut, il n’en donne pas moins aussi son opinion et, quand il est question de traditions locales, il n’hésite pas à les railler. Malgré tout, son travail est tellement complet qu’il fournit même des exemples des dialectes locaux. La partie de A. Olearius donne une image plutôt négative de la Russie tandis que les peuples rencontrés sur les routes de Perse suscitent l’émerveillement.
L’ensemble du travail est cependant d’une telle qualité que pendant plusieurs décennies, il est considéré comme un ouvrage majeur dans l’étude de la Russie. L’ouvrage a fait l’objet de plusieurs impressions en France, l’on en compte aujourd’hui huit, dont six entre 1656 et 1727. En 1656, il a eu le mérite d’être imprimé par trois imprimeurs à Paris, Pierre Aubovin et les frères François et Gervais Glouzier, la seconde édition est imprimée en 1659 (par Jean Du Puis), puis viennent les éditions de 1679, 1727 (par Michel-Charles Le Cène à Amsterdam), 1759, et enfin 2018. En effet, ce livre a fait partie d’un travail de collaboration entre la BnF et la maison d’édition Hachette, qui vise à faire connaître des œuvres rares à un public moderne.
Pauline Pateau