Jean-François Regnard
Contemporain non moins célèbre de Molière, Jean-François Regnard est surtout connu du public pour ses pièces de théâtre telles que Le Joueur (1696) ou Le Légataire universel (1708). C’est en 1681, sans préparation et pendant son voyage en Suède, que Regnard se rend en Laponie, région située dans le nord de la Fennoscandie, à cheval sur les territoires actuels norvégien, suédois, finlandais et russe. Il nous offre un regard sur la société lapone encore méconnue, trahi par l’ethnocentrisme occidental avec des réflexions philosophiques, des anecdotes savoureuses, ou encore des descriptions teintées d’incompréhension.
Regnard parcourt des paysages très variés, franchit des fjords et des lacs, il atteint même le Cap Nord ! L’itinéraire de ce périple, assez exceptionnel pour l’époque, nous est fourni par l’auteur dans le préambule du texte.
Voyage de plaisir et de « curiosité » certes, mais dissimulant sans doute des activités commerciales (une partie de la famille de Regnard travaillant à Paris dans le milieu des joailliers). Le récit, sous forme épistolaire, est le plus souvent à la première personne du singulier, parfois néanmoins au pluriel puisque Regnard voyage avec deux compagnons. Il ne s’agit pas à proprement parler d’un récit suivi mais plutôt d’une relation, soit la synthèse d’un voyage selon les termes de l’époque.
L’auteur passa longtemps pour une référence importante en France des voyages en Laponie suédoise. Son récit n’est pourtant publié qu’en 1731, à titre posthume : une grande partie des informations est en fait tirée de la Lapponia id est regionis Lapponum de Johannes Scheffer (1673) et, à la sortie de la traduction française de cet ouvrage, Regnard choisit de ne pas publier son récit riche en plagiats.
Camille Crambes