Pierre Louis Moreau de Maupertuis
Maupertuis est un scientifique des Lumières né à Saint-Jouan-des-Guérets, près de Saint-Malo, en 1698. Avant de mourir à Bâle, en 1759, il publie à Berlin ses Œuvres, compilation de ses travaux scientifiques et de ses voyages. Ainsi de celui qu’il a mené en Laponie, en actuelle Finlande et Suède du Nord, en 1737, et qui était motivé par sa volonté de déterminer « la figure de la terre », c’est-à-dire d’en comprendre la forme, et de prouver, comme Newton en Angleterre l’assénait, qu’elle est aplatie aux pôles.
Accompagné du scientifique suédois Celsius, il entreprend un voyage difficile : neiges, vents et forêts hostiles parsèment le récit (« ces malheureux climats »). Grâce à Celsius, qui maîtrise des rudiments de langage finnois, des Lapons les accompagnent et leur apprennent de belles astuces : « on marque avec des branches de sapin les chemins », dit-il page 397. Maupertuis observe aussi l’absence de nuit en été et l’absence de jour en hiver : « une nuit profonde et continuelle » s’émerveille-t-il (p. 400). Enfin, il trouve une vieille pierre avec des inscriptions runiques qu’il reproduit page 408 et qualifie de « plus ancienne [inscription] de l’Univers ». C’est l’occasion de rédiger sa Relation d’un voyage fait en Lapponie septentrionale pour trouver un ancien monument.
Dans son voyage, Maupertuis se livre aussi à des observations ethnologiques : il évalue ainsi la taille des Lapons qu’il compare aux pygmées africains ; il disserte sur les rennes, animaux qui tirent les traîneaux (pulka), qui fournissent des peaux et de la fourrure, en plus d’une viande « excellente à manger, fraîche ou séchée » et d’un lait gras qui se conserve bien et procure d’assez bons fromages, mais, note-t-il, « qui seroient meilleurs, s’ils étaient faits avec un peu plus d’art et de propreté » (p. 415).
Antoine Rivault