René Auguste Constantin de Renneville
Le volume présenté ici est le premier d’une série de sept volumes. Il est d’un petit format mais d’une forme soignée, présentant une page de titre en noir et rouge avec une gravure sur métal en frontispice. Les autres volumes présentent tous en regard une illustration différente.
La reliure typique de la fin du XVIIe - début du XVIIIe siècle est également soignée, comportant pièces de titre et de tomaison en cuir rouge. Le volume comporte des cartes insérées sous forme de dépliants. Le plat supérieur du volume est décoré par des armoiries qui pourraient être celles d’un membre de la famille Le Clerc, originaire de l’Anjou. Nous ne disposons pas des couleurs pour vérifier la conformité à cette description : « d’argent, à la croix de gueules, bordée-engrêlée de sable et cantonnée de quatre aigles du même becquées et armées du second ». Mais cela serait cohérent avec l’historique du fonds ancien de Rennes 2, composé notamment de nombreux ouvrages angevins issus des confiscations liées en 1905 à la séparation de l’Église et de l’État.
La page de titre ne mentionne pas l’auteur. Le livre est en fait l’adaptation traduite en français d’un premier ouvrage paru à l’origine en hollandais sous le titre Begin ende voortgangh van de verenighde Nederlantsche geoctroyeerde Oost-Indische Compagnie, d’Isaac Commelinus, imprimeur demeurant à Amsterdam. Il raconte, par le biais de tous ses voyages effectués autour du monde, l’histoire de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, fondée en 1602, et qui perdurera jusqu’en 1799.
Le traducteur est René-Auguste-Constantin de Renneville, né catholique à Caen le 9 octobre 1677. Devenu protestant après la révocation de l’édit de Nantes, il se réfugie en 1699 dans les Provinces-Unies, où il retrouve un compatriote, Etienne Roger, également originaire de Caen et établi imprimeur à Amsterdam dès 1685. Le premier volume du recueil en français paraît en 1702, et comprend une épître dédicatoire à Chamillart, contrôleur des finances et ministre de la guerre.
Ironie du sort : c’est à ce puissant personnage que Constantin de Renneville, rentré en France en janvier 1702 mais suffisamment imprudent pour écrire des vers satiriques contre Louis XIV et Philippe V, roi d’Espagne, doit son embastillement le 14 mai 1702, soit le lendemain du jour où il offre à Chamillart le premier volume du Recueil des voyages. Il raconte ses mésaventures en détail dans L’inquisition françoise ou l’histoire de la Bastille, qu’il fait paraître en 1715, toujours à Amsterdam chez Etienne Roger, après onze ans d’emprisonnement auxquels met fin l’intervention de la reine Anne d’Angleterre !
Catherine Pichot