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Collections numérisées - Université Rennes 2

Balthasar de Monconys

Pages du Journal de voyage de Balthasar de Monconys


Journal des voyages de M. de Monconys. 2e part. Voyage d’Angleterre, Païs-Bas, Allemagne et Italie, Lyon, H. Boissat et G. Remeus, 1666.
BU Rennes 2, Rés. anc. 54468

En 1665, Balthasar de Monconys achève une série de voyages qui l’a mené à sillonner l’Europe. S’il meurt peu après son retour à Lyon, sa ville natale, son fils s’attache à faire connaître le journal de celui qui fut diplomate et alchimiste et espéra réunir dans ses écrits « un nombre infini de nouveautez, en Machines de Mathématique, Expériences Physiques, Raisonnements de la belle Philosophie, curiositez de Chymie, et conversations des Illustres de ce Siècle ». Le sieur de Liergues publie en effet dans un premier ouvrage (1665) les notes tenues par son père en 1645 alors qu’il sillonne le Portugal, l’Italie, l’Égypte, la Syrie, Constantinople et l’Anatolie. Dans un second ouvrage (1666), dont le lecteur peut apprécier ici l’édition originale, sont révélées les découvertes de Balthasar de Monconys lors de son tout dernier voyage débuté en mai 1663 : celui-ci le conduit en Angleterre, puis aux Pays-Bas au mois de juin, en Allemagne à partir de septembre et enfin en Italie au début du mois d’avril 1664. Balthasar de Monconys s’intéresse autant à narrer ses rencontres et partager ses observations scientifiques, qu’à décrire les lieux qu’il juge de grand intérêt, telle la bibliothèque Vaticane. Si le sieur de Liergues retranscrit de façon fidèle le journal de son père, il y ajoute également quelques documents : des lettres témoignent ainsi des échanges savants entre Balthasar de Monconys et Henry Oldenburg, secrétaire de la Royal Society de Londres.

Pages du Journal de voyage de Balthasar de Monconys

L’ouvrage s’accompagne de onze planches gravées à l’eau-forte et réalisées par le Lyonnais Claude Derbage, qui s’était déjà vu confier l’illustration des précédents voyages de Monconys. Ces gravures hors textes réunissent des sujets divers renvoyant de façon précise au texte : ainsi peut-on trouver sur une même page un plan, un paysage, le monument d’une ville et la représentation schématique d’instruments et de machines. Accompagnant le récit de « ce qu’il y a de plus digne de la connoissance d’un honeste Homme », ces planches reflètent les ambitions de Balthasar et de Gaspard de Monconys de constituer un cabinet de curiosité et contribuer ainsi au savoir scientifique de leur époque. En effet, les deux frères sont au XVIIe siècle parmi les plus importants collectionneurs de Lyon, ville qui accueille encore aujourd’hui une partie de leur collection au musée des Confluences.

Enfin, l’exemplaire présenté dans cette exposition se distingue par les annotations à la plume d’un lecteur dissipé qui, au gré du voyage de Monconys, s’est probablement laissé aller à quelques rêveries qu’il griffonna parmi les pages de l’ouvrage. Le premier contreplat témoigne de ces divagations par l’esquisse naïve d’un personnage portant mitre et crucifix. Et, tandis qu’au bas de la page 420 il s’entraîne à conjuguer le verbe pouvoir, des formes et des visages s’invitent dans la marge de la page 131, et se font étonnamment l’écho des dessins gravés.

Jeanne Alis